Artistes associés

Marion Muzac, artiste associé 2023-2024

Chorégraphe

Chaque projet de Marion Muzac est une invitation à danser, adressée à des interprètes professionnels, mais aussi et surtout à des gens qui ne savent pas qu’ils sont, ou peuvent être, danseurs. Pour le plaisir, dit-elle, de « voir surgir la danse là où on ne l’attend pas, là où les corps ont des façons de se mouvoir qui n’ont pas été façonnées par l’intégration de faire, de techniques et de codes stylistiques ».
Elle regarde la danse comme une pratique sociale. Espace et temps de relation avec d’autres, les danses d’aujourd’hui, dans leur variété et leurs hybridations, sont travaillées par les questions qui agitent nos sociétés. Dans ses projets fédérateurs et coopératifs, elle propose des corps et des danses de femmes sur des scènes qui ont encore trop tendance à les ignorer, rassemble autour du mouvement et de l’écriture chorégraphique des personnes éloignées de la culture, réinterroge la signification actuelle de gestes sociaux quotidiens ou d’œuvres transformées en mythes modernes.
Allègres et engagées, vivantes et spontanées, ses pièces sont des objets esthétiques, dont la fabrication suscite des communautés éphémères d’interprètes, soudées par le désir de créer et la joie de danser. Elles sont autant de petites utopies concrètes, qui dispensent, à leurs acteurs comme aux spectateurs, de jubilatoires raisons d’inventer ensemble et d’espérer.

Fanny de Chaillé, artiste associée 23-24

Chorégraphe / Performeuse / Metteuse en scène

Fanny de Chaillé s’intéresse avant tout à la langue, aux espaces qui se trament derrière elle, cachés derrière des aspects prêts à l’emploi et ses images dramatiques stéréotypées. Un travail qu’elle a initié – sans souci du genre artistique : théâtre, danse ou performance – avec des pièces telles que Karaokurt et Le voyage d’hiver, un travail à la fois de lecture-performance et de réécriture à partir du texte éponyme de Perec.
La langue se travaille non pas à l’endroit de l’interprétation mais là où il est possible de la faire résonner comme un objet plastique, de la faire entendre comme un jeu de sens multiples.
Fanny de Chaillé engage un théâtre du corps où elle aime séparer texte et mouvement pour mieux ré-agencer leur rencontre. C’est dans ce jeu d’échanges entre corps et voix que les écarts et distorsions se créent, que le langage gagne en physicalité et en plasticité. Ses pièces, projets et installations ne s’inscrivent pas dans
un champ disciplinaire figé, plutôt les superposent, sur les plateaux ou en dehors (galeries, salles de concert, bibliothèque, amphithéâtre universitaire). Ses dernières créations reflètent cet intérêt pour les dispositifs et les modes d’adresse et d’écoute, qu’il s’agisse de redonner voix et corps au discours inaugural de Michel Foucault au collège de France (Désordre du discours, 2019), de faire collectif autour de dix jeunes comédiens de l’ADAMI (Le Chœur, 2020), de croiser les générations (Les Grands, 2019), ou de revisiter l’album Transformer de Lou Reed dans un format tout terrain (Transformé, 2021). Sa dernière création Une autre histoire du théâtre, dépose entre les mains de quatre jeunes actrices, l’histoire de l’art dramatique et ses mutations esthétiques en jeu depuis les années 20.
Ils s’en s’emparent avec des moyens simples, dans un théâtre de la relation qui met en résonance formes, gestes et écritures avec les enjeux politiques et sociaux contemporains.